08 Mar Le travail du vignoble, un brin de nature cultivée et soignée…
Nos vignes forment un paysage totalement construit et aménagé
par les êtres humains au fil des siècles.
Entre les forêts et la rivière
sur les coteaux du Cher
pour Quincy
Sur une succession de vallons
descendant au sud-ouest vers l’Arnon
pour Reuilly.
L’actuelle génération vigneronne a saisi à bras-le-corps les projets de valorisation de ces paysages viticoles ! Cette entreprise tant individuelle que collective passe par la plantation d’essences d’arbustes et d’arbres ayant un intérêt pour la biodiversité, pour l’adaptation climatique ou tout simplement pour redécouvrir des anciennes variétés …
Plantés avec réflexion, afin de limiter la concurrence pour l’eau avec les vignes, arbres et arbustes peuvent être un réel atout pour la viticulture, au-delà d’apporter une ombre plus que bienvenue aux travailleurs de la vigne durant les épisodes chauds. Certaines essences favorisent la biodiversité utile car elles fournissent un lieu d’habitat, de reproduction et d’alimentation propice. Ainsi, il vaut mieux planter des essences locales adaptées au sol et au climat, qui fleurissent le plus longtemps possible comme le chêne, le saule, le charme, le tilleul, le sureau, le noisetier,…
En parallèle, nous commençons à appliquer les conseils de Johanna Villenave-Chasset (Flor’Insectes) suite à la réalisation de son étude entomologique des vignobles de Quincy & Reuilly en 2021. Il en ressort une bonne diversité floristique et des espèces d’animaux et d’insectes en général, notamment des espèces intéressantes pour les vignobles. Favoriser la présence de ces espèces permet de réduire le nombre de ravageurs pour les vignes.
Afin de favoriser la présence de ces espèces auxiliaires dans les vignes, les vignerons de Quincy ont entamé l’installation de 10 nichoirs à mésanges, 10 à chauve-souris et 3 à chrysopes.
Les mésanges raffolent des papillons pondeurs des larves des vers de la grappe (tordeuses). Les chauves-souris elles aussi sont capables d’ingérer en une nuit plus de 1000 insectes tels que les papillons d’eudémis et cochylis (les fameuses tordeuses ou vers de la grappe) dont les chenilles perforent les grappes de raisins et peuvent engendrer du botrytis (ennemi juré des vignerons). Autant vous dire que nous préférons éviter les grappes pourries pour la vinification, cela altère le goût du vin…
Les chrysopes consomment également les nuisibles du vignoble, parmi lesquels les tordeuses, pucerons et thrips.
Bien sûr, il faudra installer des centaines de nichoirs si on souhaite avoir un réel impact ! Le travail collectif permet justement de faire avancer les choses plus rapidement et de mobiliser plus de fonds et de main-d’œuvre dans la réalisation des projets pour la biodiversité. Il nous permet également d’organiser des activités de sensibilisation lors de la Semaine de la Biodiversité en Centre-Loire. En 2023, les nichoirs ont ainsi été décorés par les enfants de l’école de Quincy et installés avec eux. Les nichoirs ont été fabriqués par ALTEA, une entreprise locale qui permet aux personnes en situation de handicap de travailler.
A titre individuel, nos domaines sont conduits en viticulture raisonnée : le Domaine des Ballandors continue sa troisième année de conversion bio, et le Domaine du Tremblay ainsi que Les Demoiselles Tatin sont labellisés Terra Vitis depuis 2017.
Les sols sont uniquement travaillés mécaniquement sur les rangs de vigne en alternant les outils à disque et les étoiles pour obtenir un cavaillon désherbé sans concurrence pour les vignes. Bye-bye les herbicides depuis presque 10 ans. Les inter-rangs restent enherbés avec un mix d’enherbement naturel et de semis à base de pâturins et de trèfles. Périodiquement, nous les tondons et secouons l’enherbement à l’aide de houes rotatives ou de disques : cela apporte des éléments nutritifs à la vigne. Cela nécessite plus de travail et de moyens mécaniques.
Nous fabriquons aussi nos engrais organiques en mélangeant fumiers et grappes de raisin pressés pour élaborer un compost épandu en février/mars sur nos vignes.
La protection contre les maladies cryptogamiques (les champignons comme le mildiou ou l’oïdium) se fait à l’aide de cuivre et de soufre (la fameuse « bouillie bordelaise ») en bio et à l’aide de produits de synthèse phytosanitaires en viticulture raisonnée qui, en circulant dans la plante, ont une meilleure efficacité de protection. Mais nous n’utilisons que des produits classés comme non CMR (cancérigène, mutagène, reprotoxique).
Cette conduite du vignoble est exigeante et a contribué à une augmentation de nos coûts de production. Mais les vignes et les sols s’en portent plutôt mieux…
Une réflexion autour de la viti-foresterie nous conduit aussi à la plantation d’arbres là où c’est possible. Et toute nouvelle plantation est réfléchie dans ce cadre comme sur le coteau des Croz à Reuilly où nous avons aménagé une mare en bas du coteau et planté une haie en milieu de pente. Nous espérons ainsi améliorer le régime hydrique de ce coteau et en faire bénéficier nos nouvelles plantations de vigne.
Pour des informations complémentaires, n’hésitez pas à visiter notre page Le travail de la vigne.